Le suicide et les lesbiennes

Le suicide, la conséquence la plus grave de l'homophobie.

En Suisse, le suicide est actuellement la première cause de décès des jeunes femmes de 15 à 24 ans. Ce n'est que la pointe de l'iceberg, car les tentatives sont bien plus nombreuses que les décès, et ceci dans toutes les catégories d'âge. Le suicide touche de manière disproportionnée les jeunes gays et lesbiennes. Bien que les résultats diffèrent d’une recherche à l’autre, la plupart des enquêtes menées sur le sujet montrent que les lesbiennes sont plus nombreuses à avoir fait une tentative de suicide que les femmes hétérosexuelles.


Parmi les répondantes d’une enquête menée récemment au Royaume-Uni auprès de femmes lesbiennes et bisexuelles (Stonewall 2008), 5% des répondantes ont dit avoir fait une tentative de suicide durant les 12 derniers mois, ce chiffre était même de 16% parmi les femmes de moins de 20 ans.

Ce n'est pas l'homosexualité qui conduit au suicide mais le sentiment d'inadéquation, source d'anxiété et de dépression, l'isolement social et les conditions de vie difficiles faites aux homosexuel-le-s, en particulier à l'adolescence. Entre le moment où une jeune lesbienne se rend compte qu'elle est attirée par une personne du même sexe (en moyenne à 11 ans) et le moment où elle peut en parler à au moins une personnes il s’écoule souvent plusieurs années. Ce sont ces années de solitude, vécues avec une forte anxiété et dans un secret absolu qui sont les plus fragiles et les plus à risque de dépression et de suicide pour les jeunes homosexuelles.


"Ainsi, toutes les tentatives de suicide, ou les risques suicidaires moyens ou élevés suivant les cas, sont associés à un déni de l’homosexualité ou à une homophobie très nettement dirigée contre soi-même. Parfois, cette crise suicidaire aiguë se produit quand la personne sort justement de ce déni et prend en pleine figure la violence renvoyée par le mot qui la désigne, ou bien lorsqu’elle étouffe de se sentir qualifiée de « malade et dépravée ». On observe également que cette phase de vulnérabilité importante s’échelonne entre le début de l’adolescence et 21 ans (…).

Si on retrouve assez fréquemment des décès, des ruptures avec les groupes de pairs de l’enfance et des violences dont certaines sont des abus sexuels, il est assez frappant de constater à quel point le rejet parental s’articule pour beaucoup dans leur vécu, autour de cette partie d’eux-mêmes qu’ils ne peuvent pas nommer. On constate également qu’un élément de dissonance par rapport à ce qui est attendu de quelqu’un de leur sexe est souvent présent, même en l’absence du stigmate marquant l’homosexualité et même s’il est parfois intérieur. L’attitude des premières personnes désirées ou aimées apparaît également comme déterminant, suivant qu’il y a eu du respect ou du rejet, de la violence ou de l’indifférence.

 

Nous retrouvons également comme éléments ressourçants, les principaux facteurs habituellement corrélés à la résilience et à l’estime de soi, à savoir l’autonomie, l’inclusion dans un groupe de pairs, une personne de référence bienveillante, la capacité à s’auto-analyser, la créativité personnelle et l’humour."

Eric Verdier et Jean-Marie Firdion, Homosexualité & suicide : études, témoignages & analyse,
H & O Editions, 2003

 

Quelques données sur le suicide des jeunes homosexuels sur la page de l'Association Stop Suicide

 
 


 
blues-out
photo: Etienne Delacrétaz
 
   
 
 
 
   
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