La dépression chez les lesbiennes
La dépression touche de nombreuse lesbiennes. Si elle n’est pas traitée et soignée, la dépression peut s’aggraver et se répéter au cours de la vie. Beaucoup de lesbiennes souffrent de dépression sans le savoir et restent seules avec leur mal de vivre. Elles ne cherchent pas d’aide, peut-être par peur de devoir parler de leur homosexualité ou d’être jugée. Rester seule avec une dépression est la pire des solutions.
Voici quelques facteurs possibles de la plus grande fréquence de la dépression chez les lesbiennes:
- Le sentiment d’inadéquation et la honte
Les causes de la dépression peuvent être multiples. Chez les lesbiennes, on constate que la dépression se déclenche souvent à l'adolescence, période durant laquelle l'individu peut prendre conscience de son homosexualité et parfois déjà effectuer un coming out. La plupart du temps, la découverte de son homosexualité se traduit d'abord par une souffrance et peut conduire à un profond sentiment de honte de soi qui peut perdurer toute la vie sous la forme d’un rejet des homosexuel-le-s et/ou d’une mauvaise image de soi. C’est ce que l’on appelle l’homophobie intériorisée.
La dépression chez les jeunes homosexuelles peut être la conséquence d'une forte anxiété nourrie par le sentiment d'être seule au monde à ressentir de l'attirance pour les filles, de ne pas correspondre aux attentes de ses parents et de ses ami-e-s et de ne pas savoir à qui en parler par peur de la stigmatisation et du rejet.
Le sentiment de différence, les moqueries et brimades peuvent même avoir précédé la prise de conscience de son attirance pour les filles lorsque l'enfant ou la préadolescente présente une apparence ou des comportements non-conformes à ce qui est généralement attendu d'une fille, c'est-à-dire qu'elle est perçue comme trop masculine, trop "garçon manqué".
- L’invisibilité et les discriminations
Lorsque l'homosexualité est évoquée, on pense souvent avant tout aux gays, oubliant que les femmes peuvent elles aussi être homosexuelles. Les préjugés se focalisent souvent sur les hommes homosexuels, alors que les lesbiennes sont le plus souvent ignorées. Les femmes sont la plupart du temps vues comme hétérosexuelles par principe. Même lorsqu’une femme se déclare lesbienne, son mode de vie n’est pas toujours pris au sérieux. Certains pensent par exemple que la sexualité entre femmes n'est pas une vraie sexualité, que les amours lesbiennes à l'adolescence sont forcément passagères, que deux femmes vivant ensemble sont de "bonnes copines", etc.
Ce manque de modèles positifs, cette absence de prise en compte de la réalité lesbienne peut conduire certaines femmes à se sentir complètement isolées, niées dans leur existence même.
Les lesbiennes peuvent également connaître des formes plus visibles de lesbophobie: injures, aggressions, etc. De plus, les lesbiennes sont aussi des femmes et subissent donc les mêmes inégalités de traitements que les autres femmes : inégalités de salaires, sexisme, violences sexuelles,…
- Le célibat et la vie de couple
Le célibat peut être difficile à vivre pour tout le monde, quelle que soit son orientation sexuelle. Cependant, le fait d’appartenir à une minorité qui est le plus souvent invisible peut limiter la possibilité de faire des rencontres et de trouver une partenaire qui nous convienne.
Une fois le couple formé, les relations entre femmes se caractérisent souvent par une grande intensité émotionnelle et une tendance à la fusion. Ce n’est pas problématique en soi, mais peut le devenir lorsque cela conduit les partenaires à se couper complètement du monde extérieur et/ou à adopter des comportements hyper-possessifs. Bien que cette réalité soit souvent occultée, la violence psychologique, verbale, physique et/ou sexuelle peut également être présente dans les relations lesbiennes.
Une rupture amoureuse ou la perte d'une compagne sont des moments très difficile à vivre. Cela peut être particulièrement problématique lorsque le réseau social en-dehors du couple est limité,que les liens avec la famille d'origine sont rompus, etc. Dans ce cas, la rupture ou le deuil signifient non seulement perdre sa compagne (qui est souvent aussi sa meilleure amie), mais aussi se retrouver isolée, ce qui est un facteur de fragilisation.
Face à aux difficultés, certaines lesbiennes, jeunes ou moins jeunes, se mettent à consommer de l’alcool ou des drogues de manière régulière ou excessive, pour atténuer leur souffrance et oublier leur solitude.
Or, comme chacun sait, les effets apaisants de l’alcool et des drogues ne sont que de courte durée et ne changent pas le problème de fond. Si elle est souvent d’abord vue comme une solution, la consommation elle-même peut devenir un problème. Les liens entre consommation d’alcool régulière et dépression sont prouvés et la consommation de certaines drogues peut déclencher ou aggraver certains troubles psychiques.